Exécrable.

On pourrait s'arrêter là. Ceux qui le connaissaient dans son enfance pourraient vous dire docile, impliqué, joueur, fidèle, bonne patte ... exactement les adjectifs que l'on pourrait choisir pour qualifier un chien. Car finalement, c'était un peu la place de Faustus. Au pied, bien obéissant. Un clébard de luxe cela dit. Et c'est peut-être ce train de vie qui l'a conduit à exploser plus tard dans sa jeune vie.

On ne peut contenir la nature de quelqu'un bien longtemps. Ainsi le vrai Faustus a éclaté au grand jour dés son arrivée à Eternia. Et ses traits refoulés se sont démultipliés. Si dans le fond le jeune Nótt n'est pas méchant, il n'en reste pas moins farceur. Titiller les autres, provoquer, dépouiller ... c'est quelque chose qui le tente au quotidien. Aux antipodes de ses moments de paix. Ces moments où il vagabonde dans la forêt, s'appuie contre un arbre près d'un cour d'eau et griffonne des squelettes étranges, dépourvus de tristesse. Des breaks où il enfile des écouteurs sans musique, juste pour décourager quiconque de l'emmerder, Rowan allongé sur ses cuisses.

Et enfin le troisième Faustus : celui qui travaille dur, dans ses études comme à son petit boulot. On ne peut pas le nier, le gamin est un bosseur acharné. Parce qu'il veut réussir. Il veut que toutes les portes s'ouvrent à lui, même celle de Maire si jamais l'envie lui vient un jour. Certes, son choix de cursus colle assez peu, mais qu'importe ! Effectivement, son sens assez peu développé du relationnel n'aide pas beaucoup. Qu'importe ! Car s'il n'est pas contre les rencontres, il est vrai que Faustus peine à garder de vrais amis. La faute à sa mémoire sélective, "oh machin, oui toi, j'ai plus ton nom en tête, tu viens au parc d'attraction ?". Vexant, à ce qu'il parait. Des petits échecs qu'il cumule facilement.

AH ! L'échec ! Un vilain mot. Baah, caca. Car il est un peu imbus de lui-même Faustus, on l'a programmé comme ça. Il ne le tolère donc pas. Sous toutes ses formes. Évitez donc de lui rappeler qu'il a lamentablement échoué aux entretiens pour la filière d'art. Le seul qui pourrait passer, à la limite, c'est son divorce : une mascarade cette affaire, le mariage n'avait même pas été consommé de toute façon. Les priorités de l'étudiant sont donc ... propres à chaque jour qui passe, et à l'humeur de Faustus.

Un sale caractère pour une gueule d'ange, mais ça ne suffit pas pour tout laisser passer. Les crises de colère par exemple, les mots mal dosés, un comportement pas toujours dans la norme ... et toujours dans l'excès de tout. Il juge facilement, mais se remet rarement en question. Il peut toujours faire mieux que les autres, sans jamais en apporter la preuve. Bref, Faustus est une sacrée prise de tête. Mais au fond, si on prend le temps de mieux le connaître, qu'on essaie de temporiser ... il y a de grandes chances pour que le jeune Nótt fasse tout son possible pour vous être agréable.

S'il n'a pas sombré dans ses travers entre temps, uhuh.

Faustus Alexander Nótt. Pas très Japonais tout ça, hein ? Cette appellation résulte de la volonté de deux parents à s'ouvrir sur le monde. A faire de leur rejeton un petit gars de la haute, dont on ne sourirait pas à l'écoute de son intitulé.

Faustus est le fils de Ashiro Sakurada, un trader plutôt raté, et de Mikoto Nótt, une chanteuse sans grand talent. Il ne s'est jamais vraiment intéressé à leur rencontre, et maintient que le destin fait parfois mal les choses. Faustus a donc fait ses premiers pas dans une tour d'ivoire au cœur d'un monde salopé. En réalité, les darons habitaient un appartement peu luxueux et menaient un train de vie plutôt peu recommandable. C'est donc tout naturellement que Faustus fut installé chez tata, qui avait fait fortune en lançant un nouveau produit pharmaceutique. Bref. Une enfance plutôt pas dégueulasse dans une société qui l'était davantage. En soit le morveux a eu une enfance agréable, et n'a jamais manqué de rien. Ni d'attention, car tata trouvait en lui un enfant de substitution, ne pouvant en avoir un à elle ; ni de liberté, car il ne voyait ses parents qu'à l'arrivée du week-end.

Si Faustus devait exceller à l'école, ce qui était rarement le cas, ses géniteurs en revanche étaient plus laxistes concernant leur cas. De grandes fêtes avaient lieues chaque fin de semaine. Des moments d’allégresse où régnaient boissons fortes et fumées aux couleurs euphoriques. Le reste de sa vie s’enchaîna assez vite. D'abord, il y eut l'arrivée de sa petite sœur, Hiromi. Faustus avait d'abord cru qu'on lui avait acheté pour qu'il s'ennuie moins, et avait réclamé remboursement. Il ne voulait pas d'un petit machin rose qui chouine, mais d'un enfant de son âge pour jouer. Evidemment, le gamin n'eut pas gain de cause. Ensuite, ce fut le départ de ses vieux, pour leur carrière apparemment. Faustus ayant adopté sa tante comme représentante légale, et Hiromi ayant assez peu connue leurs géniteurs, ils n'en souffrirent qu'assez peu. L'air devint plus respirable. Littéralement.

Et enfin, le grand chamboulement : l'effondrement de la société de tata Sakurada. Un concurrent qui propose un nouveau produit, un scandale sanitaire ... Faustus ne se souvient plus exactement, mais il se rappelle de la pâleur de la quarantenaire quand elle apprit la nouvelle. Elle qui avait l'habitude de mener un grand train de vie, c'était plutôt mal tombé. Elle fit donc ce qui se faisait déjà dans l'ancien temps : elle vendit son neveu. Non pas comme esclave, ni comme du bétail, mais pas loin. Faustus n'eut pas le temps de contester le mariage arrangé qui s'annonçait à lui, que déjà la fiancée se présentait chez eux. Ils étaient jeunes, elle avait la richesse, lui l'avenir. Mais aucun des deux n'étaient intéressés, aucun des deux ne s'impliquait, si bien que l'union ne dura pas longtemps. Un coup de gueule un peu plus fort que les autres, et le lendemain les termes de la rupture du contrat s'arrangeaient à l'amiable. Liberté chérie.

Voila donc pour le passé de Faustus. Un peu mouvementé, plutôt chaotique. Mais déterminant. Face à un tel affront, tata ne pu que foutre dehors son chérubin adoré. En échange d'une somme conséquente, Faustus accepta le mauvais portrait qu'on peindrait de lui dans la haute : un mari exécrable qui n'avait laissé d'autre choix à la pauvre demoiselle que de divorcer. Le prix de son silence fut un exil pur et dur dans l'endroit le plus adorable du monde : Eternia.

C'est donc à 19 balais passés que le jeune Nótt débarqua dans la cité du nouveau monde, sans bagage en poche. Il reçu un bracelet High Tech bien sympathique, de couleur noire (ça va avec tout, évitons les fautes de goût). Il choisit également un Salamèche qu'il nomma Rowan, sans raison apparente. Et voila. Une fois les formalités administratives effectuées, Faustus se trouva seul. Il n'avait pas choisi d'emploi, ni d'études. Il ne cherchait pas spécialement la compagnie des autres, et se contentait d'observer son nouveau lieu de vie, de griffonner quelques sombres chimères. Autrement dit, il frôla la dépression. Quand on passe son enfance à se faire dicter sa conduite, on se retrouve démuni sans scénario à respecter. Incapable de tout, Faustus laissa son tempérament agressif (jusque là terré au plus profond de lui) prendre le dessus.

Ça avait commencé avec des vols maladroits, et quelques remontrances gentillettes. Puis des bagarres déclenchées sans raison, juste pour avoir un peu d'attention. Et à force de titiller, Faustus avait fini par trouver. Un inspecteur bien intentionné l'avait choppé, et avait su redresser la mauvaise graine. D'abord, il l'avait mis au trou. Une semaine complète. Sept jours où Faustus avait eu le temps de réfléchir à son passé, à ses choix, de s'inquiéter de son avenir, ... de ressentir l'anxiété à ses prémices. Et au moment de la libération, le gars l'avait présenté à un type louche. Du genre vraiment louche. Dangereux même. Une rencontre qui l'avait définitivement rendu docile : un exécuteur. Tu replonges, la prison à vie, ou tu deviens l'un de ces rottweiler. Faustus avait acquiescé quand le gars lui avait demandé s'il avait bien compris. Il avait dit "oui Monsieur, bien Monsieur, pardon Monsieur, au revoir Monsieur", et était rentré dans son taudis la queue entre les jambes.

Cet électrochoc fut radical. D'abord, le jeune Nótt utilisa ses dernières économies pour s'acheter un logement plus décent dans le quartier d'Umi. Ensuite il s'inscrivit dans un cursus d'informatique à l'université, s'étant fait refouler à celui d'art moderne. Et enfin, il trouva un emploi correct dans un salon de tatouage utilisant des "encres naturelles et saines", le proprio insistait. Faustus était donc devenu étudiant, et assistant tatoueur. Non, en réalité il passe le balais et nettoie le matériel, griffonne parfois des motifs pour les clients les plus étranges. Mais c'est plus joli à dire que "je fais le ménage chez un tatoueur loufoque".

Quant à l'avenir ... s'il s'est déjà bien repris en main, Faustus est parsemé de doutes. Il compte se frotter aux arènes quand Rowan sera prêt, et arpente le dôme de combat pour extérioriser sa soif d'affrontements, mais ce sera suffisant ? Si le citoyen modèle Faustus envisage de rejoindre les inspecteurs d'Eternia après ses études, le rebelle qui sommeille en lui rêve de titiller les systèmes informatiques de la ville pour pimenter leur quotidien à tous. C'est pas facile la vie, hein ?