Souriante, je crois que c’est le premier mot qui me vient pour me décrire. Je suis constamment en train de sourire ou de rigoler. J’aime aussi beaucoup taquiner, mais jamais en mal C’est ma façon à moi de créer un lien et d’apprendre à connaître les gens. Donc ne le prenez pas mal si je vous balance des petites piques.

Je suis comme ça, j’aime plaisanter et profiter en même temps. La vie est trop courte pour ne pas en profiter. Oui, voilà mon crédo : « profite de la vie que l’on t’a donnée ». Alors je sors, peut-être même trop selon ma famille. J’en demanderais peut-être même trop à mon petit corps. Et moi j’ai envie de répondre « mais non ! ». Sortir, boire, profiter du soleil, se balader, rire avec des inconnus et s’envoyer en l’air. Il n’y a rien de mal à tout ça temps qu’on ne fait pas la conne. La vie nous impose des limites à ne pas franchir. Ou du moins, juste ce qu’il faut. Recevoir un petit coup de règle sur les doigts n’a jamais tué personne à ce que je sache.
Certains diraient que je ne suis pas le genre de fille fréquentable. Perso je ne vois pas pourquoi. Est-ce donc un crime de vouloir profiter des vices que peut nous offrir la vie ? Une cuite de temps en temps ne fait pas de mal tout comme un joint. Et puis cela peut être amusant de se réveiller à connait d’une personne dont on ne se souvient même plus de son nom. Bon … peut-être pas sur le moment, mais quand tu te re-mémore la scène, là ça devient drôle. Et puis, vaut mieux en rire qu’en pleurer !

Et là je vous vois venir avec vos grands sabots. « Je parie qu’elle se cache derrière un masque de fille forte alors qu’en fait c’est une fille toute fragile. » Mouais … Pas vraiment mais c’est pas tout à fait faux non plus. Y a que mon corps qui est fragile. Et encore, il est bien plus robuste maintenant que j’ai ce nouveau cœur. Comment ça ? Je vous dirais plus quand je vais devoir vous raconter ma superbe vie si passionnante … Mais en attendant, on reste sur mon caractère. Et donc oui, j’ai un sacré caractère et il faut y aller pour me démoraliser. Et non, je ne suis pas le genre de fille naïve qui ne peut voir que le bon côté des choses. Oui, je vois ce qu’il a de mauvais, mais je préfère les mettre de côté et n’y faire attention que s’il le faut.
Bon après je reste une personne comme tout le monde. N’allez pas croire que je suis quelqu’un qui ne fait que rire et qui ne peut pas être sérieuse. Et pourtant, cela m’arrive et bien plus souvent que vous ne le pensez. Ouais je sais, ça fait super bizarre de me penser être sérieuse. Mais si un jour vous avez vraiment besoin de moi parce qu’un truc grave se passe dans votre vie, hop, un petit coup de bigophone et je serais là. Ma porte est toujours ouverte pour mes amis et je ferais en sorte d’être de bon conseil. Bon, je n’ai pas non plus toujours les bonnes solutions à tous. Mais parfois, il suffit juste de parler et de se prendre une bonne cuite et ça va mieux !

Et quoi d’autre ? Bah là, je ne sais plus trop quoi vous dire … Non sérieusement, je ne vois pas. Je crois avoir fait le tour de ma personnalité. Bon, après j’ai pas dit que j’étais une fille ouverte d’esprit mais je pense que vu mon caractère, cela semble logique. Ah si, je chiale facilement devant les films ou même lorsque j’écoute certaines musiques. Mais après ça …
Quoi encore ? Vous me regardez bizarre depuis tout à l’heure. D’ailleurs mes yeux sont plus haut. Ah ! Vous voulez que je vous parle de cette cicatrice ? Y a pas grand-chose à dire là-dessus, ou du moins pas ici. Mais si vous voulez que je vous parle de mon ressenti là-dessus, alors allons-y. Aujourd’hui je m’en fous, ou presque. Je l’avoue, je me rends ! Je suis quelque peu pudique concernant mon corps, et oui c’est possible pour quelqu’un qui fait de temps en temps des photos. J’ai le réflexe de la cacher le plus possible. Mais c’est dur de cacher un truc qui vous coupe en deux en plein milieu de votre buste. J’essaye de faire abstraction, mais pas facile avec tout le monde qui ne regarde que ça, d’ailleurs arrête de la regarder ! Vous allez commencer par me gêner !

Bon … Il parait que je vais devoir maintenant me livrer sur ma superbe vie. Vous allez voir, elle est super passionnante. Mais si vous préférez aller vous endormir dans un coin, je ne vous en voudrai pas. J’irais même vous réveiller doucement avec un petit café. Non mais vous êtes sûre de pas vouloir aller dormir ? Comment ça vous voulez savoir c’est quoi cette cicatrice ? Bordel, vous faites chier …

Bon, par où commencer ? Bah, par le commencement !
J’ai vécu dans une famille comme toutes les autres. Un père et une mère et même une grande sœur. Et tout ça dans la région d’Alola. Oui je sais, à me voir, il est difficile de croire que je suis une fille des îles. Et pourtant, c’est bien vrai. Mais pour tout vous dire, mes parents ne sont pas natifs de cette région. Ils sont juste tombés amoureux de cet endroit et ils ne sont jamais reparti de leur voyage de noce. De leur amour est d’abord né ma sœur, Carla qui est aujourd’hui mariée et qui a même deux enfants. Et puis il y eu moi … et là, rien ne s’est passé comme il fallait. Pourtant tout avait bien commencé, personne n’avait soupçonné que tout irait si mal. Et normalement, on peut tout voir maintenant sur les échographies de nos jours et encore plus avec tous les tests que l’on fait subir aux femmes enceintes. Et bien non, malgré toute la technologie, ils sont tous passé à côté …
Et je suis née avec une grave malformation cardiaque.

Autant vous dire que je n’ai pas beaucoup profiter de mon enfance et pas vraiment du sable de ma région natale. Alors que les enfants de mon âge passaient leur journée à courir sur le sable chaud, quand ils n’étaient pas enfermés à l’école ou derrière leurs écrans. Eh bien moi je restais enfermée, et non par choix. Des médicaments, des tests et pleins d’autres trucs du genre me faisaient resté à l’hôpital. Je pouvais certes voir la mer de ma fenêtre, mais je crois que j’aurais préféré avoir vue sur les immeubles d’à côté, cela aurait été moins frustrant.
Je suis restée les premières années de ma vie à l’hôpital. Bon, cela m’arrivait d’y sortir mais ma chambre ressemblait beaucoup à celle que j’avais à l’hosto. La seule chose qui changeait, c’était que je pouvais voir mes parents toutes la journée et non en heures d’ouverture.

Et puis, il y eu la bonne nouvelle, non loin de mon sixième anniversaire : un cœur !
Car oui, si je voulais aller mieux, il me fallait une greffe de cœur. Sauf que je n’étais pas la seule à en avoir besoin, donc j’ai été longtemps sur liste d’attente. Bon, vous vous en doutez, tout s’est bien passé vu que je suis là pour vous raconter tout ça. Bien sûr, j’ai eu un sacré temps de récupération après cette opération. Après tout, on m’a seulement changé de cœur.
Une fois remise, j’ai enfin pu vivre une enfance, ou presque. J’avais toujours des médicaments et j’en aurais toute ma vie afin d’éviter tout rejet de la greffe. De plus, il allait falloir que je fasse tout de même attention à beaucoup de chose. Donc, je n’allais tout de même pas pouvoir faire comme tous les enfants. Je n’avais pas le droit de courir, ni être trop exposée à la poussière et pas mal d’autre truc. En gros, j’étais le vase de porcelaine du musée qu’il ne fallait même pas frôler. Ambiance de fous dans la récrée !

Bref, j’ai donc grandi en essayant d’être une enfant comme toutes les autres. Mais difficile de se faire une place dans ce monde où tous les enfants restent enfermés alors que moi je ne voulais qu’une chose : sortir ! Ma mère m’avait trouvé des occupations d’intérieur mais la seule qui trouva grâce à mes yeux, ce fut le piano. J’aimais beaucoup d’autres instruments, comme le violon ou la guitare. Mais c’est le piano auquel j’étais la plus douée. Et puis, cela raisonnait en moi différemment. C’est impossible de vous décrire ce que cela pouvait me procurait, et ce que cela peut me procurer encore aujourd’hui.
En grandissant, j’ai quand même réussi à me faire quelques amis et dès que je pouvais, je sortais de chez moi, le plus longtemps que je pouvais, repoussant toujours la limite de l’heure. Je vous dis pas les crises de mes parents lorsque je rentrais trop tard ou dans un état second lorsque je commençais à m’intéresser aux bonnes choses de la vie. Je l’avoue, je n’ai pas été facile pendant mon adolescence et je ne le suis toujours pas. Mais il fallait me comprendre, je voulais être une fille comme les autres et faire ce qu’il me plaisait. Sauf qu’à cause de mon cœur, il m’était impossible de faire ce que je voulais. Alors dès que je le pouvais, je poussais les limites, pas de beaucoup, mais juste un petit peu.

… …
Puis ce fut la rechute. Après quinze ans de loyaux service, il y eut rejet …

Retour à la case départ, retour à l’hôpital et tous ces tests, ces médicaments et ces machines pour me garder en vie, tout pour que le cœur que j’avais ne parte pas en couille. Je vous raconte pas à quel point j’ai déprimé. Être de nouveau enfermée dans cette chambre froide alors que la veille encore j’étais dans un bar en bord de plage. Je suis restée dans cette chambre pendant facilement trois ans, trois ans d’enfers, à faire comme si tout se passait dans le meilleur des mondes. Mon cul oui ?! Je n’arrivais pas à comprendre comment avec une telle technologie ou ne pouvait pas me soigner.
Le seul truc qui ne me faisait pas péter un câble, c’était ce petit roucool. Un des rares pokemon qui ne prenait pas la fuite lorsque j’ouvrais la fenêtre de ma chambre. Je lui donnais de temps en temps un peu de pain, le seul truc que je pouvais lui mettre sur le rebord de fenêtre. Bien sûr, les infirmières faisaient tout pour le faire déguerpir, car « les plumes ce n’est pas bon pour ce que vous avez, et puis les roucools, c’est porteur de maladie ». Bah au point où j’en étais, j’étais plus à ça près …
Ces trois ans ont été longs, encore plus longs que ces années durant mon enfance, certainement du fait que je m’en souviens bien plus. Et ce fut après ces trois ans que la nouvelle tomba : un nouveau cœur ! Une nouvelle intervention, cette fois-ci en pleine nuit. Et je me revis revivre en plein jour une vingtaines d’heure plus tard. Comme pour la dernière fois, la rééducation fut longue et douloureuse. C’est dur de recevoir un nouveau cœur. Et après quelques mois, je sortais enfin d’entre ces murs blancs pour rentrer chez moi.

Rien n’avait changé pour moi, juste un nouveau cœur et une dose de médicament encore plus draconienne, de peur que je fasse un nouveau rejet. Mais aucune contre-indication concernant l’alcool. Bon, pour la clope, cela je peux comprendre. Mais pour la boisson, juste avec modération et faire en sorte de ne pas en boire en même temps que la prise de médicaments : donc normale. Sauf que pour mes parents, c’étaient niet ! Tout comme pour ce roucool. Mais si vous savez, celui qui venait me voir sur la fenêtre de l’hôpital. Il m’avait suivi jusqu’à chez mes parents. Ils ont tenté pendant des jours de le faire fuir mais en vain … C’est surtout qu’au bout d’un moment je suis allée acheter une pokeball et que j’ai fait entrer cette petite boule de plume à l’intérieur et à partir de là, ils ne pouvaient plus rien faire.

Et la vie reprit son court. Je recommençais à profiter de la vie, donc à sortir, à aller en ville. Bref, comme tout le monde. Et comme une fille de 25 ans, je voulais mon indépendance. Donc quoi de plus normale que de vouloir se trouver un travail et quitter le cocon familial ? Apparemment, cela ne l’était pas pour mes parents. Donc, sous prétexte que j’avais un cœur fragile, je n’avais pas le droit de vivre ma vie comme bon me semblait, pendant que ma grande sœur était déjà mariée et enceinte de son second enfant. Moi aussi je voulais ma liberté !
Cette année-là, ce fut celle d’une nouvelle bataille : celle de l’indépendance ! Pendant plus d’un an j’ai cherché un travail, mais je suppute que mes parents faisaient tout pour que cela ne se fasse pas. Et puis, ils ne cessaient de me dire que cela ne servait à rien que je me tue à la tâche alors qu’ils pouvaient parfaitement subvenir à mes besoins. Oui mais non. Devenir une Tanguy, c’était pas mon but dans la vie. J’arrivais de temps en temps à me trouver un petit boulot en tant que serveuse durant une ou deux soirées, mais cela n’allait jamais plus loin.
Et au bout d’un an, j’ai enfin décroché le graal ! Un emploi stable ! Sauf qu’il y avait un hic et pas des moindre … Le travail se trouvait dans une autre région : à Eternia. Une région très récente et surtout à l’autre bout du monde. J’ai longtemps hésité, car oui je voulais mon indépendance et partir de chez moi. Et en même temps, je ne voulais pas forcément couper les ponts avec ma famille. Avant de me dire « Et puis merdre, si je veux avoir ma liberté, autant aller à l’autre bout du monde, là au moins, ils ne pourront plus contrôler ma vie. ». Bon, l’excuse du travail n’a pas suffi pour partir. Par contre mettre en avant la qualité de vie de cette ville et qu’en cas de problème, il y avait un super hôpital et là c’était gagné … après plus d’un mois pour parler.

C’est donc ainsi, haute de mes 26 ans et avide d’indépendance que j’arrive dans cette nouvelle ville, des rêves pleins la tête, en compagnie de mon petit Roucool. Après tout, je ne pouvais pas le laisser derrière moi.