Bien loin du cliché de l’exécuteur froid et taciturne, Chance est ce que l’on pourrait appeler un ‘’Good guy’’, le casier vierge en moins. Emprunt des valeurs que ses parents lui ont inculqué dès son plus jeune âge, le rouquin s’efforce de se montrer honnête et aimable, offrant toujours un sourire à son prochain en dépit de son statut et son histoire. Après tout, être enjoué et volontaire ne le rendra pas plus malaimé, n’est-ce pas ?

En outre, Chance est un explorateur dans l’âme, toujours à la recherche de la nouveauté. Il aime ce qui est original, et n’hésitera jamais à tester de nouvelles expériences. Une nouvelle saveur, une destination atypique, un sport extrême ?  Il aime découvrir et apprendre. C’est cette curiosité naturelle qui l’a mené à apprendre la peinture, la basse et bien d’autres choses encore. Sa pratique quotidienne de la musculation résulte aussi de cela. Cette dernière s’étant installer peu à peu pour devenir un véritable style de vie. Pas question cependant d’en abuser.

Mais malgré tous ses bons côtés, Chance n’en demeure pas moins un jeune homme excentrique et bruyant, ne manquant pas une occasion de se faire entendre ou remarquer. Il est honnête et aime bousculer son entourage quitte à provoquer une colère au passage. La baston ne lui fait pas peur, il aime même la provoquer de temps en temps. Tout son corps est précisément travaillé dans ce but-là. Quand certain s’adonnent à des combats de Pokémon, ses connaissances ne s’étonnent plus de le voir proposer des combats au corps à corps au détour d’une bonne bière ‘’pour changer un peu’’, esprit flight-club. Ça aide à s’entretenir.

Hormis ses Pokémon personnels, le rouquin n’apprécie pas spécialement ces bestioles. Sans réellement les détester non plus, il n’en a juste rien a faire. Loin de lui les ambitions du genre ‘’devenir le plus grand maitre Pokémon’’. Ce genre de phrase ont tendance à le faire gerber... Peut-être aurait-il bien voulu de ce genre de rêve à une époque, mais le fait est que depuis ses douze ans et la mort de son père, Chance n’avait plus attrapé un seul Pokémon.  

Chance cache rarement le fait d’être un exécuteur, son honnêteté naturelle prenant le pas sur la crainte d’être jugé. Mais depuis quelque temps, le jeune homme commence à remettre en question cette logique. Être incapable de nouer de véritables relations à cause de son étiquette peut s’avérer pesant…

En mission, son humeur reste encore imprévisible, tantôt sérieux et appliqué, tantôt survolté et intenable, l’exécuteur ne ménage pas les nerfs des inspecteurs qui ne se gêne pas pour le recadrer, quand bien même la mission serait un franc succès. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, Chance ne parvient parfois pas à métriser ses émotions, faisant fit de ses coéquipiers pour arrêter un coupable en fuite comme s’il s’agissait du tueur de son père en personne. Le transfert est un de ses problèmes récurant.

Avec le temps, Chance a appris à apprécier le suivi psychologique qu’il considérait comme une corvée à ses débuts. Aujourd’hui, il se rend compte que plus qu’un filet de sécurité pour les inspecteurs, ces séances sont aussi là pour l’aider en tant qu’individu sans craindre le moindre jugement. Les conseils qu’il a pu en tirer l’ont notamment aidé à préserver sa relation avec Hélios après son crime. Le sujet le plus délicat pour lui reste à ce jour sa mère et la relation quasi inexistante qu’il entretient désormais avec elle.

En amour, Chance est souvent entreprenant, ne se gênant pas pour faire le premier pas ou proposer un extra à une beauté lui faisant de l’œil. Homme ou femme, peu importe tant que le courant passe. En cas d’échec, il essuiera bien souvent un refus d’un simple haussement d’épaule, on ne peut pas gagner à chaque fois. Son insouciance vient probablement du fait qu’il n’est jamais réellement tombé amoureux, préférant s’amuser et profiter avant que cette maladie mystérieuse ne lui tombe sur le coin de la figure. Sans aucun doute cependant qu’il deviendrait un véritable bisounours, criant son amour a qui voudrait bien l’entendre. La demie mesure c’est pas son fort…

De son enfance, Chance gardait essentiellement de bons souvenirs. Réminiscences d’un passé où chaque jour était plus beau que le précédent, il se surprenait parfois à repenser à cette époque avec nostalgie. En ce temps-là, l’amour de ses parents l’un pour l’autre illuminait son quotidien, et malgré les coups durs, le couple ne manquait jamais d’apporter à leur unique petit garçon tout l’amour et l’attention dont ils étaient capables. Quand bien même leur vie était modeste, la petite famille savait se contenter de choses simples sans envier leur prochain. Aussi en étaient-ils venu à servir la fortunée famille Backers sans jamais s’en plaindre, satisfaits de ce travail leur permettant de vivre une vie plus agréable. Cuisine, linge de maison, jardin, le couple Faust n’avait pas le temps de s’ennuyer.
C’est à cette époque que Chance, du haut de ses quatre ans, avait fait la connaissance du petit dernier dans cette immense demeure, Helios Backers. Forcé de suivre sa maman sur son lieu de travail, c’est tout naturellement que le rouquin s’était mêlé d’amitié avec ce nouveau copain, inconscient du fossé social les séparant malgré eux depuis la naissance.

Plusieurs années passèrent ainsi, la vie promettant peu à peu à Chance un avenir calme et heureux, loin des histoires sombres que l’on pouvait parfois entendre à la télévision. Et pourtant, en dépit de toutes les bonnes choses emplissant sa vie, il aura fallu d’un rien pour que ce fragile équilibre ne bascule du jour au lendemain, ternissant tout sur son passage.
C’était l’été de ses douze ans. Le soleil frappait sa peau enfantine à travers sa crème solaire, et ses petits pas s’appliquaient à suivre précisément ceux de son père à travers la forêt. Il se souvenait de sa voix grave et encourageante, lui promettant un spectacle inoubliable. Cela aurait dû être un bon moment, un partage entre père et fils à la recherche d’un Pokémon dont le plus âgé rêvait depuis longtemps. Huit ans plus tard, cette journée était toujours encrée dans la mémoire de Chance comme une marque au fer rouge, si bien qu’il se souvenait encore de la peur dans le regard de son père. La pleine qu’ils avaient atteint avait été ravagée, la terre retournée et les corps sans vie de dizaine de Pokémons sauvages jonchaient le sol. Le garçon avait tout juste eu le temps de se questionner qu’un immense Dracaufeu s’était imposé entre eux et les hommes en noir au milieu de cette pleine. Et tandis que ces derniers semblaient embarquer un grand Pokémon à sa peau violette dans un camion blindé, Damon Faust s’était empressé de saisir son fils par le bras, décidé à quitter les lieux en vitesse. Dans la panique, Chance avait couru jusqu’à s’en arracher les poumons, avant de se rendre compte qu’une épaisse fumée noire rendait sa respiration encore plus difficile. Sans qu’il ne puisse se l’expliquer rationnellement, d’immenses flammes dévoraient à présent la végétation environnante, gagnant du terrain et les rattrapant à vue d’œil. La peur de mourir envahissait son cœur subitement, tandis que sa petite main serrait fort celle de son père dans la sienne. La dernière chose qu’il vu avant de perdre connaissance était une silhouette à la chevelure bleutée dont le sourire satisfait perçait à travers les flammes.
Chance s’était réveillé à l’hôpital deux jours plus tard, sans son père. Tout ce qu’il lui restait était sa Pokéball contenant un Mangriff, et une large brûlure couvrant désormais le bas de son dos. Incapable de mettre des mots sur ce qu’il venait de vivre, le rouquin se terra un peu plus dans son mutisme sous le regard de sa mère, empli d’une colère incontrôlable. C’était Chance qui avait insisté pour aller là-bas ce jour-là. C’était de sa faute… Aucune mère censée n’aurait pensé ainsi dans un moment comme celui-là, et pourtant l’amour que portait Maria Faust à son époux avait raison d’elle, au détriment de son fils.

Brisé, c’est auprès d’Helios que Chance trouva le réconfort que sa mère n’arrivait à lui offrir, et jour après jour, ce rejet nourrissait un peu plus le cœur du jeune homme de culpabilité. Aller à l’école n’était plus aussi amusant qu’avant et Chance n’avait plus rien du petit bout en train que tout le monde connaissait. La pitié dans le regard des autres enfants le rendait encore plus malade.


Les années passant, et l’enquête piétinant, la tristesse se transforma peu à peu en colère et, sans même qu’il ne s’en rende compte, ses sentiments influaient déjà sur ce qu’allait être son coefficient de criminalité. Chance était psychologiquement instable. C’est en tout cas ce que les contrôleurs avaient décrété six ans après cet incident, lorsque pris d’une colère irrépressible, le jeune homme avait finalement quitté le domicile familial pour venir s’installer à Éternia, loin de sa mère qui ne l’acceptait plus. ‘’Psychologiquement instable’’, avait-il été déclaré, avant d’ajouter ‘’potentiel criminel dormant’’ à la liste de ses prétendues infractions. A peine arrivé sur cette terre promettant un nouveau départ, son passé le rattrapait déjà. Pas d’autres solution pour lui s’il voulait passer les portes de la cité que de se soumettre à un suivis psychologique régulier.
Résigné, le jeune homme n’avait opposé aucune résistance, se pliant aux ordres sans broncher bien que la perspective de déballer sa vie ne l’emballait pas des masses... Il ne pouvait pas être quelqu’un de si dangereux n’est-ce pas ?! C’est en tout cas ce qu’il avait toujours pensé jusque-là. Avant qu’il ne prenne pleinement conscience de la soif de vengeance coulant en lui.

C’est quelques moins plus tard, au détour d’une ruelle, que tout était soudainement devenu très clair. Entre un espoir de revenir dans le droit chemin et celui d’en dévier définitivement, la question ne se posa pas le soir où son chemin recroisa le sourire carnassier de son enfance. Une chevelure bleutée, et un Dracaufeu qui avaient hanté ses nuits des années durant et qu’il pensait ne jamais revoir à nouveau. Défiant toute logique, c’est pourtant face à eux qu’il s’était retrouvé, au beau milieu de ce qui semblait être un combat clandestin dont la dresseuse au sourire sanglant semblait être la championne. Chance qui tentait de se faire discret, ignorait jusque-là que ce genre de pratique existaient à Etérnia. Il pensait en tout cas ne jamais avoir à s’y mêler. Cependant, faire demi-tour n’était pas une option. Ainsi, il avait attendu plusieurs heures la fin des rencontres. Simplement pour lui parler. ‘’Lui parler’’ s’était-il répété, alors que son corps tout entier ne demandait pourtant qu’à exploser de rage. Il voulait des explications, savoir qui était réellement derrière la mort de son père.

Finalement, la chevelure bleutée ne s’était montré que bien plus trad dans la nuit, une fois les lieux presque vides de toute activité. Mais à peine son regard se posa sur le jeune homme devant elle qu’une expression indéchiffrable prit place sur son visage après un moment d’hésitation.

-Le gosse…

Aussi rapide qu’un éclair, la championne s’était ruée sur celui qui en avait trop vu huit ans plus tôt, bien décidé à rectifier ce qu’elle avait échoué à faire malgré les ordres de ses supérieurs. Aujourd’hui, peu importait son maudit bracelet, l’occasion était trop belle !
Chance quant à lui s’efforçait de parer les attaques de cette folle furieuse, complètement pris au dépourvu. Dans ce corps à corps insensé, aucun d’eux ne pouvait compter sur leur Pokémon, mais Chance ne s’était pas imaginer que son assaillante irait jusqu’à dégainer une arme à feu contre lui. Pris de panique, le jeune homme ne chercha soudain plus à retenir ses coups, et sans se réfléchir, il s’empara la chevelure bleutée pour venir l’écraser avec violence sur le mur de brique derrière eux. Le coup de feu était parti dans la manœuvre, la balle effleurant son bras. La détonation résonna dans tout le quartier, mais ce qui marqua le plus Chance fut le silence implacable qui s’en suivis.

Aujourd’hui encore, le jeune homme demeurait incapable d’expliquer pleinement son geste. Lui qui ne s’était encore jamais servis de ses poings pour faire le mal avait finalement dépassé une limite dont personne ne pouvait revenir. Dans sa quête de vengeance, le jeune homme avait tué une femme, et perdu à tout jamais sa liberté. Pourtant, c’était bien un sourire qui avait orné son visage lorsque la police était arrivée sur les lieux sans qu’il n’ait bougé d’un pouce. Il n’avait rien pu apprendre, et était maintenant condamné… mais paradoxalement, il ne s’était jamais senti aussi libre.


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Suite à cela, chance fut détenus pendant six mois, son quotidien ennuyeux rythmé par les séances de psy et les séances de sport jusqu’à pourvoir être réinséré dans la société en tant qu’exécuteur. Sa demande avait été approuvée sans trop de problème, le jeune homme n’étant pas un fou dangereux mais juste un gamin un peu paumé désireux de retrouver un semblant de liberté malgré ce qu’il avait pu faire.

Aujourd’hui, Chance se délecte désormais de son statut d’exécuteur. Fort heureusement, le suivi psychologique lui permet de ne pas perdre les pédales. Côtoyer la mort de trop près est toujours compliqué, même pour eux.