caractèreOn dit que tu viens d'une bonne famille.  
On dit que tu es une déception.  
On dit que tu as passé un temps avec un prolétaire.  
On dit que tu as quitté ton poste à Alola suite à un drame.

Un tempérament flamboyant, comme ta chevelure, des mots qui fusent hors de tes lèvres, délicatement rosées. La vérité qui claque et laisse un vide certain lorsque ta bouche se scelle. Muette tu es si terrifiante. Tu as le regard de ceux qui ont vécu la guerre. Cette fermeté qui ne laisse place à l'erreur. Ce regard que tu donnes au travail, et à chacun qui te déplaira. Plus dure encore tu te feras avec ceux que tu apprécies. Car ils doivent être dignes de toi. Changeante, irrationnelle, et en tel désaccord avec toi-même Sally. Tu ries comme tu pleures, comme tu t'enrages. Et pourtant, on fera difficilement plus vraie que toi.

Une éloquence enivrante. Un sourire renversant. Des yeux dont le regard vous perce. Sally tu es un tout qui déplaît aussi souvent que tu es adulée. Mais toi, tu n'y attaches pas d'importance. Tu coures vers ton destin sans t'arrêter. Ce n'est plus que de ce que pensent les autres. Ce n'est plus ce qui t'empêche de dormir la nuit.  

Enflammée, ton courage frôle l'excès. Tu en serais dangereuse. Passionnée, tu contagies les autres de confiance. Tu sais que tu réussiras. Mais, tu ne laisserais personne se mettre sur ton chemin. Finalement, Sally, tu ne laisses pas grand monde t'approcher. Tu ne laisses pas grand monde t'atteindre. Car au fond, c'est ce qui te terrifies.  

Ta confiance il faut la mériter, il faut la gagner. Tu ne fais plus le pas qui te sépare du monde. Le monde t'a blessée et maintenant tu le laisses venir à toi, de peur qu'il ne t'écorche encore. Pourtant, tu es incapable de résister à un visage en détresse. Alors tu fonces. Tu n'aimes pas l'idée de laisser quelqu'un qui a besoin d'aide. Sinon, tu n'aurais jamais choisi de devenir agent. Tu ne l'aurais pas suivi.

Mais, Sally, tu n'es pas bête, il ne te faut jamais bien longtemps pour savoir. Si on dit qu'il ne faut pas se fier à la première impression, toi tu ne t'es jamais trompée. Il te suffit de quelques instants pour savoir quoi penser de quelqu'un. Tu as d'ailleurs toujours été une élève plutôt brillante, pas parce que tu avais une mémoire formidable, mais parce que tu te donnais les moyens de réussir.  

histoire
Père, Mère,

Je pars.  
C'est pour moi le grand jour. Le jour du départ. Une date importante, bien que de toute évidence, vous ne le compreniez pas. C'est pourquoi, au moment où vous lirez ces lignes je serais partie depuis longtemps. J'ai pris le ferry de nuit pour la nouvelle ville ; Eternia City. Et, malgré tout je ressens le besoin de vous expliquer pourquoi. De libérer ma conscience, si vous préférez. C'est peut-être égoïste... Tant pis.

Je sais que je n'ai pas été la fille que vous rêviez d'avoir. Que je n'ai pas été digne d'être de la famille. D'être la fille du doyen. Je sais aussi que je n'ai cessé de vous apporter de l'inquiétude plutôt que de la fierté. Cependant, Mère, mes choix n'ont pas été fait pour vous porter préjudice. Ni à vous, ni à Père.  

Je ne voulais pas être Capitaine parce que j'avais peur. J'étais terrifiée à l'époque. Je ne faisais pas de caprice. Et même si maintenant je comprends combien c'était important, je me souviens qu'à l'époque j'aurais tant aimé être épaulée. Qu'on m'ait montré comment se comporter avec ces pokémons.  

C'est Jason qui m'a appris tout ça. Sa famille m'a accueillie avec mes peurs sans juger. Ils étaient gentils avec moi. Ils m'ont montré comment me faire accepter des pokémons, et des gens. Grâce à eux, j'ai surmonté les peurs que j'aurais conservé avec vous. Bien sûr, j'imagine que ça n'excuse pas les fois où je m'enfuyais de la maison pour aller là-bas, sans rien dire.  

Ce qui est terrible, c'est qu'à aucun moment vous n'avez cherché à comprendre, à me comprendre. J'étais, et je suis toujours, différente. Mère, toi qui déteste tant le monde, tu n'as jamais dû comprendre pourquoi je pouvais avoir tant envie de me mêler au peuple. Tu ne pourras jamais comprendre que je veuille aider mon prochain. De la même façon que vous, Père, ne pourrez jamais admettre que j'ai décidé de passer les concours pour devenir agent car c'est-ce que je dois faire.  

Mais ce qui nous a réellement brisé, étonnement, ce fut le suicide de Jason. Je l'aimais. Plus qu'aucun de vous n'aurait pu croire. Plus que tout. Il était tout pour moi. Jason a fait de moi la personne que je suis. Il m'a donné un but. Il m'a montré l'amour. La sécurité. Les pleurs parfois. Et, le deuil. Ce n'est pas évident, le deuil quand personne n'est là pour épauler. Chacun de vous la connait, cette peine qu'entraîne la perte d'un être cher. Je vais vous raconter comment je l'ai vécu.

Au début c'est une douleur sourde qui s'empare de vous, qui ne vous laisse aucun répit. Elle absorbe tout, et ne laisse que la peine. Ce sont des nuits à rester éveillés, les yeux bouffis, rougis, torturant, d'autres assoupies où l'on ne dort pas réellement car les cauchemars font légion. Des heures durant je me suis demandée pourquoi. Pourquoi Jason s'était-il suicidé ? Je me suis torturée l'esprit en me demandant si c'était ma faute. Et bien sûr j'en suis venue à me dire que oui. Cette peine si intense ne dure qu'un temps.  

Finalement, lorsque la douleur m'a quittée, j'étais vidée. J'avais l'impression que ces semaines avaient drainé hors de moi tout ce qui me rendait vivante. Je mangeais car on posait la nourriture devant moi. Je n'avais pas plus faim que les aliments étaient goûtus. J'aurais me laisser mourir. Je n'ai eu d'intérêt pour rien pendant des mois. Je n'étais qu'une ombre. Mes journées filaient, et je ne faisais que dormir. Je n'avais plus de force pas même pour pleurer.  

" Il y a au moins une chose que l'on peut tirer de cette sordide affaire. Maintenant, Sally va pouvoir revenir sur le droit chemin. "Finalement, Mère, c'est vous qui m'avez sortie de cet état latent. Je ne sais pas à quoi vous pensiez en disant cela. Néanmoins, j'étais folle de rage. Ce soir-là je suis partie en claquant la porte. Et je suis allée boire. Pour me donner le courage de reprendre ma vie là où je l'avais laissée. Là où il est mort.  

C'était il y a trois ans.  

Après ça j'ai repris la formation pour entrer dans la police. Vous le savez, mais autant tout dire maintenant. Il y a quelques mois j'ai réussi le concours. Seulement, Alola n'a pas voulu m'offrir de poste. Je pense savoir pourquoi, mais je n'ai pas envie de garder de la rancœur au fond de moi, alors ce n'est pas grave. Non, ça n'a aucune importance puisque je m'en vais à Eternia.  

Eternia c'est cette nouvelle ville qui vient d'ouvrir. Ils ont accepté ma candidature, alors c'est ma chance d'obtenir un nouveau départ.

Je ne reviendrais pas avant longtemps, désolée.

Adieu,
Votre fille bien aimée Sally.